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Un éditorial du « Washington Post » met des mots sur le principal handicap de Joe Biden pour sa réélection : son âge

A un peu plus d’un an de l’élection présidentielle américaine, David Ignatius, un éditorialiste du Washington Post, lance un pavé dans la mare démocrate. Dans un texte intitulé « Le président Biden ne devrait pas se représenter en 2024 », il rappelait mardi 12 septembre l’évidence.
L’âge de Joe Biden est désormais un handicap majeur qui annihile tous les efforts de la Maison Blanche pour vanter ses réussites économiques, sociales ou diplomatiques. L’éditorialiste rappelle que, selon un sondage d’Associated Press publié fin août, 77 % des Américains – dont 69 % des démocrates – estiment que cette question est un problème : s’il est réélu, le démocrate entrera à la Maison Blanche à l’âge de 82 ans et en sortira à 86 ans, une perspective guère enthousiasmante.
Ce que ne dit pas Ignatius, c’est que les sondages se suivent et se ressemblent : début septembre, une enquête d’opinion pour CNN, confirmait que 73 % des électeurs se disent sérieusement préoccupés par la vitalité physique et l’acuité mentale du président américain, et que 76 % doutent de sa capacité à assurer un second mandat.
La question agite les responsables politiques : en avril, Nikki Haley, candidate républicaine à la présidentielle, suggérerait avec élégance sur Fox News que Biden ne vivrait probablement pas jusqu’à la fin de son deuxième mandat et que voter pour lui revenait en fait à voter pour Kamala Harris, qui serait amenée à lui succéder, en vertu de la Constitution.
La radio publique NPR s’est intéressée à une évolution qui aurait pu passer inaperçue : le nombre de marches que le président gravit quand il embarque ou débarque d’Air Force One. Au début de son mandat, il empruntait l’escalier le plus long, celui qui mène jusqu’en haut de l’appareil, où il pouvait poser de manière avantageuse, en surplomb et sur fond de ciel. Mais il utilise désormais très fréquemment un autre escalier, plus court et plus stable, qui auparavant n’était sorti qu’en cas d’intempéries.
Dans son éditorial, David Ignatius ne nie pas les mérites du 46e président des Etats-Unis. Le premier, et non le moindre, est d’avoir su imposer sa candidature en 2019 alors qu’elle n’avait rien d’évident pour de nombreux démocrates puis, et surtout d’avoir « battu le président Donald Trump ». Il rappelle que, dans son discours d’investiture, Joe Biden écrivait déjà son testament politique : « Quand nous serons morts, nos enfants et les enfants de nos enfants diront de nous : “ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes, ils ont fait leur devoir, ils ont guéri un pays divisé.” »
L’éditorialiste lui en donne quitus. Mais Ignatius est persuadé que Biden, « qui ne sait pas dire “non” », « se présentera à nouveau s’il croit profondément que Trump sera le candidat du Parti républicain et qu’il a les meilleures chances de [le] vaincre et de sauver le pays du cauchemar d’une présidence revancharde ». David Ignatius n’épargne pas non plus la vice-présidente Kamala Harris : elle est tout simplement moins populaire que Biden, selon le site d’agrégation de sondages FiveThirtyEight. Elle n’a pas réussi à imprimer sa marque.
Il appelle néanmoins le président à se livrer à un moment d’introspection : « Dans environ un mois, (…) il sera trop tard pour que d’autres démocrates (…) se lancent dans les primaires et voient s’ils possèdent les qualités nécessaires pour accéder à la présidence ». Même s’il reconnaît qu’à l’heure actuelle aucun candidat démocrate ne s’impose pour succéder à Joe Biden, le journaliste émet le vœu que le chef de l’Etat fasse « confiance au système démocratique » pour voir émerger un nouveau leader.
L’ancien président Donald Trump – 77 ans – n’est en revanche pas travaillé par ces questionnements sur l’âge : « Bernie [Sanders] est plus âgé que Biden. Que vous l’aimiez ou non, il est à 100 % de ses capacités intellectuelles », lançait-il en avril à l’animateur Tucker Carlson. Avant d’asséner : « Il y a beaucoup de gens dans les 80 ans, et même les 90 ans, qui sont aussi bons et intelligents que jamais. Biden n’en fait pas partie, mais cela n’a pas grand-chose à voir avec son âge. En réalité, la vie commence à 80 ans ! »
Pourtant, à cet instant où l’Amérique s’interroge sur le vieillissement de son personnel politique – faut-il rappeler le moment d’absence du républicain Mitch McConnell, 81 ans ? –, le sénateur Mitt Romney, dont le mandat s’achève en janvier 2025, a annoncé qu’il ne se représenterait pas en 2024. « Cela fait vingt-cinq ans que je [sers mon pays] d’une façon ou d’une autre. Après un nouveau mandat, j’aurai plus de 80 ans. Il est franchement temps de laisser la place à une nouvelle génération de dirigeants », déclare le candidat malheureux à la présidentielle de 2012 contre Barack Obama, aujourd’hui âgé de 76 ans. Avant d’ajouter : « C’est à eux de prendre les décisions qui façonneront le monde dans lequel ils vivront. » Il nie à Joe Biden et à Donald Trump la capacité de répondre aux défis que sont la dette, le changement climatique, l’autoritarisme à l’œuvre en Russie et en Chine.
Pierre Bouvier (avec AFP)
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