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Inflation : climat tendu dans la dernière ligne droite des négociations entre industriels et distributeurs

« Tous nos négociateurs sont sur le pont. Ce qui est sûr, c’est que cette année, ils ne partent pas au ski pour Noël ! » Cette boutade d’un distributeur en dit long sur l’ambiance qui règne actuellement dans les box de négociation où industriels de la grande consommation et distributeurs discutent âprement les tarifs des produits de marque pour l’année 2024.
Il est vrai que le calendrier du traditionnel bras de fer tarifaire s’est accéléré, cette année. Désireux de voir refluer la vague de hausse des prix alimentaires qui déferle depuis deux ans sur les consommateurs, culminant à 21,3 % en octobre, le gouvernement a fait adopté, en novembre, une loi anti-inflation pour mettre les pendules à l’heure. Elle avance d’un mois la signature des accords pour les grands groupes, au 31 janvier, et de six semaines pour les petites et moyennes entreprises (PME), qui devront avoir terminé les discussions le 15 janvier.
« Cela vient de commencer. Mais plus le délai est court, plus il est compliqué de négocier », estime Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution. Les discussions tarifaires s’annoncent donc tendues. Une première réunion du comité de suivi, regroupant l’ensemble des représentants de la filière alimentaire, a été organisée, vendredi 8 décembre, sous l’égide du ministre de l’agriculture, Marc Fesneau. L’occasion de faire un point d’étape.
La quasi-totalité des conditions générales de vente ont bien été envoyées par les industriels. La date butoir était fixée au 5 décembre. Mais « peu d’accords ont encore été signés. Ils concernent les produits régionaux et entre 10 % et 20 % de petites ou moyennes entreprises. Mais il n’y en a pas encore beaucoup chez les grandes marques », souligne M. Creyssel.
« Nous n’avons pas encore signé de contrat. Nous demandons 5 % de hausse des prix pour 2024. En 2023, nous avons revalorisé le prix du beurre de 10 % à 15 % mais ce n’est pas suffisant pour couvrir nos charges », témoigne Vincent Favier, directeur de la laiterie coopérative d’Etrez, à Bresse Vallons (Ain), qui produit beurre, crème et emmental. « Les demandes de hausse des industriels sont en moyenne de 4 % à 5 % et, côté distributeurs, les propositions sont systématiquement déflationnistes. L’amplitude entre les exigences des uns et des autres est de 8 points en début de négociation », affirme Jean-Philippe André, président de l’Association nationale des industries alimentaires.
Richard Panquiault, directeur général de l’Institut de liaisons des entreprises de consommation, ajoute que ses adhérents, les grands fournisseurs, « demandent des hausses des prix moyennes de 5 %, près de 10 % d’entre eux arrivent avec des tarifs en baisse, les autres se partagent en trois tiers avec des fourchettes de hausse respectives de 0 % à 3 %, de 3 % à 5 %, et au-delà de 5 % ».
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